Un collège de Jésuites à Namur
Quatre siècles de présence de la compagnie de Jésus à Namur…
C’est en 1601, en effet, que l’on commença à parler d’un collège de jésuites à Namur. Albert et Isabelle régnant, Mgr Buisseret, cinquième évêque du diocèse, peuple la ville de communautés religieuses. A tel point que les édiles, en 1689, interdiront l’installation des Capucines de Mons, estimant que la mesure est comble.
Finalement préférés aux Augustins qui auraient aussi voulu ouvrir une école, les Jésuites commencent à enseigner en 1610. Cinq ans plus tard, on compte 500 élèves. On a déjà commencé, alors, à construire les bâtiments qui forment à présent l’Athénée Royal. L’église, consacrée en 1645 et dédiée à Saint Ignace, deviendra celle de la paroisse Saint Loup en 1777. Plusieurs frères coadjuteurs de la Compagnie de Jésus ont bâti ce merveilleux monument de l’art baroque.
Mais revenons au collège de ce temps, où les élèves parlent latin pendant les récréations et doivent déposer leur épée au vestiaire. Vers cette époque, les Jésuites prennent en charge l’école dominicale à laquelle Anne de Rupplémont légua un tiers de sa fortune.
La Compagnie de Jésus supprimée en 1773, l’école connaît des fortunes diverses sous les régimes autrichiens et français. L’athénée communal de Namur y ouvre ses portes en 1817 et deviendra royal en 1850.
1814 : Pie VII rétablit la compagnie…
Mais celle-ci n’a pas la faveur des Hollandais. C’est pourquoi quatre jésuites vont vivre clandestinement à Namur de 1827 à 1830. La Belgique indépendante ayant décidé la liberté de l’enseignement, le Collège Notre-Dame de la Paix s’installe en 1831, dans les anciens bâtiments d’une abbaye bénédictine fondée au début du 17e siècle. A partir de 1838, les externes sont admis. Dès 1831, les classes d’enseignement primaire et moyen sont complétées par quelques cours d’enseignement supérieur, philosophie et sciences… débuts des facultés ND de la Paix. En 1843, le roi Léopold Ier et la reine Louise-Marie rendent visite au collège.
En 1907, le banquet du 75e anniversaire est présidé par un illustre ancien élève, M. Schollaert, une homme politique qui sera président de la Chambre des représentants et Premier ministre. Un professeur, M. Daiche, se voit remettre la croix civique de 1 ère classe. C’est le grand-père du Père Jacques Daiche qui fut, de 1956 à 1982, préfet du Collège.
En 1923, des enfants russes, chassés de leur pays par les Soviets, arrivent à Namur. Ils suivront les cours du collège et logeront à l’internat Saint-Georges, dans l’artère qui deviendra, plus tard, l’avenue reine Astrid. Les internes quittent Namur en 1927 pour aller à Godinne où on a construit un nouveau collège. Néanmoins, la progression continue. En 1965, avec huit cents élèves, la congestion menace. L’université cherche elle aussi à s’agrandir. Recteur du collège et des facultés, le Père E. Boné envisage de déménager hors les murs. On pense à Amée, au Val-Saint-Georges, à Bouge. Finalement, le choix se porte sur le vaste plateau d’Erpent . Dans le même temps, le Père Guy de Marneffe est chargé de repenser la pédagogie. C’est en 1968 que le transfert et la mixité sont approuvés par Mgr Charue et par le provincial des Jésuites.
Erpent
Sur le plateau d’Erpent, le nouveau collège s’élève d’année en année. Les six hectares de son domaine appartenaient, autrefois, à l’abbaye de Géronsart. En 1610, il avait été question d’en faire don aux Jésuites. Curieux détour de l’histoire. La première rentrée hors Namur a lieu en 1971. Aujourd’hui, les directeurs laïcs se sont succédé, avec Messieurs Jacques Sibille (†), Guy Carpiaux et Stéphan de Brabant.
D’après des notes du Père Jacques HANNO s.j. (†)